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Walter Benjamin sans frontières
21 décembre 2020

Perpignan et la presse internationale : Aliot, Bonet, Benjamin, Bonnel et le Centre d'art contemporain W. Benjamin (2) - - - «

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légende de la photo :
Le mémorial Walter Benjamin, de Dani Karavan, à Portbou (1994), sur les lieux des derniers pas du philosophe. Gilles Coulon/Tendance Floue

 

Perpignan et la presse internationale : Aliot, Bonet, Benjamin, Bonnel et le

Centre d’art contemporain W. Benjamin (2)

 

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« LE CHEMIN WALTER BENJAMIN » : 1940-1941, LES DEUX ANNÉES DE PÉRIL EXTRÊME DE LISA FITTKO

 

 

* Après avoir rendu compte des articles sur la mairie de Perpignan et sa « récupération » (?) du Centre W.Benjamin des journaux tels que

Courrier international, Livres-Hedo, le Frankfurter Allgemiene, et localement L’Indépendant, Le Travailleur catalan, La Semaine du Roussillon…et tous les autres, qui ont publié un communiqué de mes anciens amis du jury de l’association que je dirige depuis six ans, sans me contacter, me laisser la parole…un droit de réponse…des médias objectifs et démocrates, en quelque sorte…

 

**Article du quotidien Le Monde de vendredi dernier – à part deux détails :

-la légende de la photo: il s’agit d’une photo sur un panneau du chemin, côté Catalogne et non une image du Mémorial, à Port-Bou.

-En outre, le dernier témoin de la mort de W.Benjamin n’est pas Lisa Fittko, qui n’a pas dépassé la frontière et n’a appris le suicide de WB que plusieurs semaines après le 26.9.1940, mais Henny Gurland, qui a recueilli dans la Chambre 4 de la Fonda de Francia les derniers mots et la dernière lettre destinée à Adorno…

Il faut aussi citer le témoignage passionnant -et jamais cité, quasi inconnu-  de Carina Birman (The Narrow Foothold, Londres, 2006) qui assista à la messe en l’honneur du philosophe…)

L’article, bien informé, est tout à l’honneur d’E.Plenel, qui a commis une préface discutée (voir ce blog- récupération de WB) et fut le directeur de la rédaction du journal, à l’époque de J.Marie Colombani, qui faillit ruiner Le Monde, grâce à des investissements démesurés (imprimerie à Paris, de L’Indépendant à Perpignan…)

J.P.Bonnel (à suivre…)

21.12.2020  -  

L’association W.Benjamin sans frontières s’exprime sur canalblog. Pour retrouver les articles http://walterbenjamin.canalblog.com/

 

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Histoire d’un livre. Les souvenirs de celle qui, avec son mari, manqua d’exfiltrer Walter Benjamin, en 1940, mais en sauva bien d’autres après lui, sont réédités à point nommé.

Par Marianne Dautrey

Publié le 19 décembre 2020 à 08h

 

« Le Chemin Walter Benjamin. Souvenirs 1940-1941 » (Mein Weg über die Pyrenäen), de Lisa Fittko, traduit de l’allemand par Léa Marcou, préface d’Edwy Plenel, Seuil, « La librairie du XXIe siècle », 384 p., 24 €, numérique 17 €.

 

Lisa Fittko (1909-2005) avait 24 ans et vivait à Berlin lorsque Hitler accéda au pouvoir en 1933. Formée au militantisme comme à l’école de la vie, cette enfant juive de l’ancienne Autriche-Hongrie s’apprêtait à combattre la politique de mort du nouveau régime, mais la terreur eut raison de toute opposition. Elle quitta l’Allemagne pour la Tchécoslovaquie, où elle rencontra celui qui allait devenir son compagnon de lutte et de vie, Hans Fittko (1902-1960), lui-même militant condamné à mort par contumace par le régime nazi.

Après un périple de plusieurs années, le jeune couple se réfugia en France, où il fut surpris par la déclaration de guerre puis par la défaite de la France et, pour finir, pris en tenaille par l’occupation allemande. C’est ce sinistre spasme de l’histoire européenne que raconte Lisa Fittko dans Le Chemin Walter Benjamin. Le livre relate ces deux années de péril extrême, 1940 et 1941, lorsque la puissance nazie, ayant déjà envahi une grande partie de l’Europe, exigea des pays occupés qu’ils lui restituent les réfugiés, juifs ou opposants, ressortissants d’Allemagne.

 

LE RÉSEAU FRY

Sauver ceux qu’il était encore possible de sauver – en lien avec le réseau monté par l’écrivain antifasciste Varian Fry (1907-1967), que finançait l’Emergency Rescue Committee américain –, en exfiltrant ce qu’il restait d’intellectuels, de politiciens, d’écrivains, d’artistes allemands en danger de mort, telle fut la tâche qu’assumèrent Lisa et Hans, convertis en passeurs dans la France de 1940. Cette filière fut inaugurée par le philosophe Walter Benjamin (1892-1940), envoyé par Hans lui-même. On connaît l’issue tragique de cet épisode : Benjamin bloqué à la frontière espagnole, son suicide, sa disparition corps et biens. Pourtant, il ouvrit cette voie aux quelque cent autres personnes qui réussirent à passer et furent sauvées.

Il fallut plus de quarante ans à Lisa Fittko pour écrire cette histoire. La première incitation vint de l’un des plus proches amis de Benjamin, l’historien et philosophe Gershom Scholem (1897-1982) qui, apprenant qu’elle était la dernière personne à avoir vu Benjamin, recueillit et transcrivit son témoignage, lui proposant de l’éditer. Mais Fittko préféra en assumer seule la rédaction. Son livre parut en 1985 en Allemagne. Si les lecteurs de Benjamin, de plus en plus nombreux depuis la première édition de ses œuvres complètes au cours des années 1970, y découvrirent, bouleversés, les derniers instants de la vie du philosophe, le reste des Allemands le lut comme l’un des chapitres encore ignorés de l’histoire d’une résistance allemande active. Et tel était bien le but de ce livre profondément politique : redonner à la nouvelle génération le pouvoir de « croire en elle-même et en son avenir », donc d’agir.

Très vite traduit en français, il parut en 1987, sous le titre Le Chemin des Pyrénées, comme l’un des premiers livres des éditions Maren Sell, que l’éditrice et ex-journaliste franco-allemande avait fondées un an plus tôt, mais il disparut du paysage éditorial en 2007, avec le catalogue de cette maison. « La librairie du XXIe siècle », collection dirigée par Maurice Olender au Seuil, l’accueille aujourd’hui. L’idée est venue d’Edwy Plenel, confie l’éditeur. Le fondateur de Mediapart avait découvert l’existence de Lisa Fittko en parcourant, au cours d’une randonnée, cet ancien chemin de contrebandiers réutilisé par les Espagnols fuyant le franquisme : la « piste Lister », rebaptisée « route F. », puis, depuis 2007, « chemin Walter Benjamin ». C’est dans Le Maitron, dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et social, dont il est un lecteur assidu, qu’il retrouvera Fittko.

 

LIRE LES HORLOGES DE L’HISTOIRE

De sa première lecture du Chemin des Pyrénées, il retient, explique-t-il au « Monde des livres », « une lumière, une vitalité où la souffrance passée n’est pas empreinte douloureuse, mais formulation d’une exigence du présent ». Lecteur de Benjamin, dont l’œuvre manifeste le pouvoir de lire les horloges de l’histoire, Plenel sait qu’un calendrier historique régit la « lisibilité » des textes, leur intelligibilité comme leur pouvoir d’action. « La chasse aux migrants et la condamnation des passeurs, un état d’urgence qui se pérennise… la catastrophe qui est là, aujourd’hui, et qu’il faut regarder en face »sonnait l’heure, à ses yeux, de rééditer ce livre.

Maurice Olender n’a pas été difficile à convaincre de cette nécessité.« Il n’y avait jusqu’ici que deux rééditions à mon catalogue », rappelle celui qui, en artisan de sa collection, préfère susciter les livres.« Dans “La librairie du XXIe siècle”, où des savants côtoient des écrivains, des artistes et des poètes, il m’est arrivé de choisir de publier des documents, des archives qui serviront à écrire l’histoire : des témoignages », précise l’éditeur. Il prolonge ainsi le geste initial d’Edwy Plenel qui, dans sa préface, dit voir dans le texte de Lisa Fittko une digne réponse à l’injonction de Benjamin : « Libérer l’avenir de ce qui aujourd’hui le défigure. » Et l’éditeur de placer l’intelligence de l’histoire dont, en pure praticienne, Fittko fait preuve sur le même plan que celle, théorique, de l’historien Jean-Pierre Vernant (1914-2007) ou celle, poétique, de l’écrivain Georges Perec (1936-1982).

CRITIQUE

PASSAGE DE TÉMOIN

Au soir de sa vie, Lisa Fittko se fait écrivaine pour retracer ces deux années terrifiantes (1940-1941) où, militante antifasciste, elle s’est vue acculée à fuir, à fuir toujours plus loin – elle finira à Cuba.

Elle se décide à raconter avec force détails cet épisode français, revenant sur son internement à Gurs, ancien camp de réfugiés espagnols reconverti pour accueillir les ressortissantes d’Allemagne, subitement déclarées ennemies de la nation depuis l’entrée en guerre de la France. Ou sur le moment où, une fois l’article 19 de la convention de l’armistice entré en vigueur, qui exigeait que soient« livrés les ressortissants allemands désignés par le Reich », elle commença à évoluer dans le chaos de la défaite et l’affolement de masses de migrants soumis à l’arbitraire administratif d’un Etat en déroute, sur le point de se convertir au fascisme.

Lisa Fittko inscrit son texte dans le champ de force de l’épopée, et l’ouvre aux paroles et récits de ses proches. Elle fait œuvre de mémorialiste ; mieux : son texte choral passe le témoin, comme un pari sur l’avenir, comme une manière de prolonger l’œuvre de la passeuse qu’elle fut par un accident de l’histoire.

C’est ce passage de témoin que son préfacier, Edwy Plenel, et son éditeur, Maurice Olender, ont voulu relever en rééditant son récit dans la très belle traduction que Léa Marcou avait faite pour sa première édition en français.

(C) Le Monde - Marianne Dautrey

 

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